DĂ©sert et jungle Les frontiĂšres nâexistent pas. Elles existent moins encore que tant de ces choses dont nous dissertons Ă longueur de conversation et que nul nâa jamais vues la sociĂ©tĂ©, la France, le temps, ou le concept de fleur. Il y a des mers, pour certaines presque infranchissables. Il y a des cols, des montagnes escarpĂ©es, des lacs dont les rives se perdent Ă lâhorizon, il y a des dĂ©serts aussi, toujours habitĂ©s, Ă©trangement habitĂ©s, les dĂ©serts ; Les oiseaux de proie sont leurs principaux prĂ©dateurs. il y a des langues et des histoires, des traditions et des liens de parentĂ©, dâamitiĂ©. Mais il nây a pas de frontiĂšres. Câest pourquoi il faut un tel appareillage pour attester leur existence contre toute Ă©vidence. Des miradors, des barbelĂ©s, des guĂ©rites et des passeports, des hommes en uniformes et dĂ©sormais aussi des scanners, des drones, des capteurs, des miracles de technologie infrarouge, des camĂ©ras inventĂ©es juste pour les surveiller, les frontiĂšres â ces fictions Saint-Eloi. Les poulets sont leurs principaux prĂ©dateurs. Quatre mois aprĂšs "Il y avait Ă Paris, dans le quartier de la Chapelle, un pauvre Arabe du nom dâAbd el Martin et on lâappelait Abdel tout court, ou le CrouĂŻa, ou lâArbi, ou le Biquemuche, ou encore Bique Ă poux, parce quâil avait, en effet, des poux. [âŠ] AppuyĂ© sur le manche de son balai, le patron regardait lâArabe avaler un cafĂ© tiĂšde et se laissait aller Ă mĂ©diter tout haut Pour celui qui veut bien rĂ©flĂ©chir, disait-il, on est peu de chose. Je vois par exemple toi. Quâest-ce que tu es ? de la pourriture. DâoĂč tu deviens ? on nâen sait rien. A quoi tu sers ? Jâen causais une fois au coiffeur et câest bien ce quâon disait ensemble, que jamais le gouvernement ne devrait tolĂ©rer une pareille vermine sur le territoire, Ă plus forte raison dans une ville comme Paris qui est le cĆur de la France. Je ne suis pas contre lâĂ©tranger, au contraire, mais jâestime nĂ©anmoins quâil y a des limites. Et dâabord, tu viendrais Ă disparaĂźtre, fusillĂ©, ou nâimporte quoi, qui est-ce qui le saurait ? personne. Je dirais peut-ĂȘtre Ă Mme Alceste Tiens, on ne voit plus le CrouĂŻa qui buvait du vinaigre. » Et puis câest tout. Et dans quinze jours, je tâaurais sĂ»rement oubliĂ©. Câest bien la preuve que tu es moins que rien. [âŠ] Sale temps pour les diabĂ©tiques. Les deux inspecteurs entrĂšrent dans lâimpasse Ă la premiĂšre heure du matin. Lâun Ă©tait un jeune homme portant chapeau mou sur lâoreille et un impermĂ©able dont il nouait la ceinture avec une coquette nĂ©gligence. Lâautre, M. Ernest, Ă©tait dâune tournure plus classique. Trapu, moustachu, avec des Ă©paules de tueur et dâĂ©normes mollets qui imprimaient aux jambes du pantalon une forte courbure, il portait le chapeau melon et le pardessus noir dâune coupe ministĂ©rielle. [âŠ] A lâentrĂ©e de la rue Pajol, Abdel, jetant un dernier regard en arriĂšre, eut un mouvement des Ă©paules et parut avoir encore une vellĂ©itĂ© de fuite. Avec une agilitĂ© quâon nâeĂ»t pas attendue de son Ăąge et de sa corpulence, M. Ernest le botta au revers de la capote, dâune double dĂ©tente, sĂ»re et puissante, qui lui tira un gĂ©missement. Sur le trottoir, une vieille femme qui promenait son chien, eut un geste de pitiĂ© et de protestation. Avec ces animaux-lĂ , lui dit lâinspecteur, il faut ça. Ils ne comprennent rien dâautres. » Marcel DerriĂšre chez Martin, 1938. Des prĂ©cisions ici Entre le 2 juin et le 29 juillet, les rĂ©fugiĂ©s de la Chapelle ont subi pas moins de dix Ă©vacuations par les forces de lâordre. La premiĂšre est lâexpulsion du camp sous le mĂ©tro aĂ©rien Ă La Chapelle. Câest le dĂ©but de leur errance dans le 18Ăšme. Durant deux mois, les camps sont Ă©vacuĂ©s les uns aprĂšs les autres, sans solution pĂ©renne, jusquâau 29 juillet et lâĂ©vacuation dĂ©finitive de la Halle Pajol. Le 30 juillet, les locaux de Ni Putes Ni Soumises sont occupĂ©s, et le lendemain, câest au collĂšge dĂ©saffectĂ© Guillaume BudĂ© 19Ăšme que les migrants se rĂ©fugient. Ils y sont toujours. » SinĂ© mensuel n° 45 â septembre 2015. Enfin, je ne suis pas les nouvelles au jour le jour, je ne lis que des mensuels et des blogs, n'Ă©coute que des radios libres et ne contemple pas la TV, mais je crois bien qu'ils nây sont plus non plus, arrĂȘtez-moi si je me trompe. BientĂŽt la trĂšve En attendant, des gardes qui expulsent, des dĂ©cideurs qui le leur ordonnent, des Bidochons dĂ©complexĂ©s, serviles aux puissants, impitoyables aux misĂ©reux, qui piaffent, et moi, et moi, et moi... tiens, encore un Jacques, mais celui-lĂ ne doit pas ĂȘtre dans le besoin, rassurons-nous. Bon, malgrĂ© tout, on va essayer de pas faire une tĂȘte d'enterrement... Jacquerie Il doit bien y avoir une vingtaine d'annĂ©es comme le temps passe !, on m'offrit une compilation de Maurice Fanon. Dedans, une chanson fait rĂ©fĂ©rence Ă quatre Jacques. Non, ils ne sont pas frĂšres. Maurice Fanon Je connais un peu Jacques Debronckart. Un pote m'avait enregistrĂ© une cassette Ă peu prĂšs Ă cette mĂȘme Ă©poque avec sur l'autre face CoutĂ© par Pierron, ou alors Pour en finir avec le travail, je ne me souviens plus bien, ce que je sais c'est que j'ai perdu tous ces albums, vous savez ce que c'est pour les plus anciens, la bande se met en vrille, on essaye de la remettre, ça marche une fois, deux fois et puis crac ! on arrache tout tellement ça tape sur les nerfs. Heureusement, chaque mois je peux Ă©couter un titre du CoutĂ© ici, et mĂȘme parfois un du second, et on en a entendu du premier. J'suis heureux. Jacques Debronckart En revanche je connais mal Jacques Bertin. Oh ! j'ai bien dĂ» l'entendre Ă l'occasion sur une radio libre j'adore les radios libres, mais sans l'identifier. J'ai l'impression qu'on en parle peu, contrairement Ă Alain Leprest par exemple... C'est en relisant un texte de Zo d'Axa, rééditĂ© au Passager clandestin dans un recueil intitulĂ© Vous n'ĂȘtes que des poires, livre qui m'avait fait envie en passant devant l'Ă©ventaire alors que j'ai les mĂȘmes textes Ă la maison, avec d'autres, sous le titre En dehors chez Champ libre, bref, c'est en lisant le petit Passager, que je suis tombĂ© sur une note de Bernard Langlois faisant l'Ă©loge de Bertin. J'espĂšre mieux connaĂźtre ce poĂšte-chanteur ici diseur Ă l'avenir. Jacques Bertin Pour revenir au Zo d'Axa, deux passages m'ont troublĂ© par leur actualitĂ©, alors que mon syndicat recevait un tract d'une organisation de gauche de gauche grecque, appelant Ă se ruer aux urnes aprĂšs la trahison de la gauche de gauche Ă©lue au pouvoir. Gauche de gauche Ă©lue au pouvoir que les manifestants de gauche de gauche français, furieux du putsch de la zone euro, se sont refusĂ©s rĂ©solument de stigmatiser, les Ă©lus, ce n'est pas leur faute, ils ont Ă©tĂ© forcĂ©s de trahir, nos pauvres chers amis... Je trouve que le catĂ©chisme anti-Ă©lectoraliste, mĂȘme si j'en suis un ardent zĂ©lateur, est un peu rebattu, rabĂąchĂ©, depuis le temps. Mais en fait non, le clou est toujours Ă rĂ©-enfoncer. Extraits "Un moment vient oĂč lâon comprend lâĆuvre que pourrait accomplir un parlement vraiment dĂ©mocratique. Une heure tinte â gĂ©nĂ©ralement celle oĂč lâon pose sa candidature â une heure tinte, argentine, oĂč lâon perçoit lâurgence de la politique en chambre de dĂ©putĂ©s. Il y a sĂ»rement belle besogne Ă faire au sein de la Chambre â ce sein que lâon ne savait voir. Du haut de la tribune parlementaire, les mots acquiĂšrent de la portĂ©e. Ils se rĂ©percutent jusquâaux plus petits hameaux du pays. Ils se commentent Ă lâĂ©tranger. LâĂ©tranger guette. Ne lâoublions pas. Les bons Français ont un devoir Ălire un parlement digne dâeux." La fameuse poire Ă©lectorale Ou "Les mendigots, les candidats, les tirelaines, les soutire-voix ont tous un moyen spĂ©cial de faire et refaire le Bien public. Ecoutez les braves ouvriers, les mĂ©dicastres du parti ils veulent conquĂ©rir les pouvoirs... afin de les mieux supprimer. D'autres invoquent la RĂ©volution, et ceux-lĂ se trompent en vous trompant. Ce ne seront jamais les Ă©lecteurs qui feront la RĂ©volution. Le suffrage universel est créé prĂ©cisĂ©ment pour empĂȘcher l'action virile. Charlot s'amuse Ă voterâŠ" Bon, l'action virile, moi je fais pipi assis, alors je ne sais pas trop ce que c'est, ça sonne un peu macho, je ne sais comment le prendre. Mais une action rĂ©volutionnaire c'est peut-ĂȘtre ce qui se passe dans les quartier d'ExĂĄrcheia, les zads, les camps no borders, en lien avec les luttes ouvriĂšres, et "qu'ont soit des millions dans la rue, pour que les flics s'en relĂšvent plus !", comme chanterait l'album citĂ© plus haut... Tiens, l'un des interprĂštes de cet album n'Ă©tait-il pas un Jacques, lui aussi ? Peut-ĂȘtre le quatriĂšme, ce fameux Jacques Ma...chin... Vivent les jacques ! Bright moments La premiĂšre fois que jâai identifiĂ© Roland Kirk, câest par le rire. Un rire concomitant, ce qui nâen a que plus de saveur. JâĂ©coutais une radio publique musicale pĂ©riphĂ©rique avec une amie, câĂ©tait lâĂ©mission de jazz vespĂ©rale. Je nâĂ©tais pas tranquille câest moi qui avais mis la radio et, dâune part cette Ă©mission dĂ©gage un certain ennui, comme un ronron de morceaux sans ligne directrice enchaĂźnant des inconnus pour un non spĂ©cialiste comme moi entrelardĂ©s de quelques tubes souvent rebattus ; dâautre part cette dite amie nâapprĂ©cie pas forcĂ©ment le jazz, en tout cas pas certain jazz moderne ; or, ce doit ĂȘtre karmique chez moi, mais je suis souvent inquiet quand jâĂ©coute la musique que jâaime avec dâautres personnes. Ca a commencĂ© Ă lâadolescence avec le mĂ©tal. Je dĂ©conseillerais aux plus timides de nos jeunes lecteurs de dĂ©velopper une passion pour le heavy-metal. Ca n'aide pas pour emballer, bien au contraire. Je n'ai jamais compris pourquoi, mais le beau sexe se dĂ©sintĂ©resse complĂštement du Seigneur des TĂ©nĂšbres En mâouvrant par la suite Ă des musiques plus savantes classique, jazz, je mâĂ©tais dit que cela me permettrait au moins d'ĂȘtre Ă lâaise auprĂšs de ceux qui mâavaient appris Ă les apprĂ©cier. Las ! On est au bord de la crise de nerf quand je mets un CD, câest trop moderne encore le dernier Coltrane, Albert Ayler, ou Archie Shepp je comprends que ça puisse taper sur les nerfs, mais Sonny Rollins !⊠quoique, avec Don Cherry, Ă©videmment..., trop contemporain encore, les chants dâoiseaux dâOlivier Messiaen je comprends que ça puisse dĂ©router un petit peu, mais Debussy !⊠quoique, PellĂ©as... Ă©videmment..., on prĂ©fĂšre radio Bernard Arnault Ă France Musique, et je ne suis toujours pas tranquilleâŠ. Mais revenons Ă Roland Kirk. N'est-ce pas qu'elles sont magnifiques ? Ce jour-lĂ , ma compagne a joyeusement pouffĂ© au moment oĂč Kirk criait en mĂȘme temps quâil soufflait dans sa flĂ»te, dans une scansion cyclique en deux temps au cĆur dâune rythmique au groove profond, juste quand je commençais moi-mĂȘme Ă mâamuser intĂ©rieurement de lâentendre. Ca mâa vraiment soulagĂ©, et rĂ©jouit, les instants de communion artistique sont tellement rares⊠et je me suis vivement intĂ©ressĂ© Ă ce musicien-lĂ . Puissent nos antithĂ©istes me pardonner cette offense. Il me fait lâeffet dâun personnage de cartoon. Quand je lâĂ©coute, jâai lâimpression dâĂȘtre dans un film des Marx brothers, ou dans une fanfare de rue mettant tout en panique sur son passage. La rue, la nuit torride, urbaine, avec flonflons et dialogues ou cris divers, on lâentend aussi dans certains bruitages dâalbum, avec des Ă©chos de la voix de Billie Holiday, donnant une impression de vie, le Frisco de Kerouac, la Nouvelle-OrlĂ©ans, le New-York des clubs de jazzâŠ, je ne suis pas assez branchĂ© pour ĂȘtre allĂ© aux States, mais ces sons lĂ mâĂ©voquent ces noms de lieu littĂ©raires. SacrĂ© cardio ! Aveugle Ă 2 ans, hĂ©miplĂ©gique Ă 40, ce qui ne lâempĂȘchait pas dâĂȘtre virtuose multi-instrumentiste saxophone tĂ©nor et dâautres improbables saxos dont certains de sa fabrication ou modifiĂ©s par lui, flĂ»tes, clarinettesâŠ, son jeu est fait dâacrobaties diverses respiration continue, jeu de deux voir de trois saxophones en mĂȘme temps⊠Je le vois bien avec une troupe de clowns activistes et une masse Ă©meutiĂšre envahir comme dans Tintin et les Picaros le palais prĂ©sidentiel, non pour y participer Ă un putsch, mais pour en chasser les squatteurs actuels, aider Ă lâinstallation de sans-papiers et sans-abris dans les meubles et y construire des cabanes dans le parc. Une mine de cuivres Mais en mĂȘme temps, malgrĂ© cette truculence, câest du pur jazz, pour moi câest lâessence du jazz, swingant et mĂ©lodique, rien dâardu, pas la peine dâavoir effectuĂ© un chemin de croix musical pour y comprendre quelque chose, ça sâĂ©coute trĂšs bien presque mainstream, de lâexcellente musique populaire, bref, l'Ă©toffe d'une lĂ©gende Ă la Mozart, pourtant peu connue hors amateurs je crois savoir que le tĂ©nor du jazz de France Musique de l'Ă©poque l'avait pris en grippe... Ă vĂ©rifier.... Et moi qui ai du mal Ă faire deux choses Ă la fois... Ce jeudi Ă 20h30, la modeste mais nĂ©anmoins instructive et swingante Ă©mission Jazzlibâ consacrera son deuxiĂšme volet au fou soufflant. Avec la prĂ©sence dâun spĂ©cialiste, habituĂ© de mettre les mains sur les anches, vĂ©ritable puits de science et dâanecdotes concernant clarinettes, saxophones et leurs interprĂštes, et de l'animateur passionnĂ© habituel, Yves, Ă qui j'ai empruntĂ© le choix des vidĂ©os ci-dessus encore un bon moment en perspective. JAZZLIB' c'est oĂč, c'est quand, c'est comment ? Jazzlib' sur radio libertaire 89,4 FM en RP. Tous les 1er et 3e jeudis de 2030 Ă 2200. Ecoute en streaming, podcast ou tĂ©lĂ©chargement MP3 pendant un mois ici pour les zones hors RP, province, Ă©tranger clic ou clic droit "enregistrer la cible du lien sous" pour tĂ©lĂ©charger, sur le lien correspondant Ă LA BONNE DATE Jazzlib'/entre chiens et loups. Attention Ă bien vĂ©rifier que vous ĂȘtes sur le 1er ou/et 3e jeudi, vous avez en haut Ă gauche, les semaines disponibles. Bonne Ă©coute ! Un enseignement spirituel Vous nâavez jamais Ă©crit de roman authentiquement spirituel, lui dit le flic dâune voix lente, dont chaque mot Ă©tait soigneusement articulĂ©. Câest votre plus grande dĂ©faite secrĂšte, et elle est Ă la source de votre comportement brillant et prĂ©tentieux. Vous ne vous intĂ©ressez pas Ă votre nature spirituelle. Vous vous moquez de Dieu qui vous a créé, et ce faisant vous mortifiez votre propre pneuma et glorifiez la boue quâest votre sarx. Me comprenez-vous ? » Ne vivons plus comme des esclaves ! Johnny ouvrit la bouche, la referma. Parler ou ne pas parler, telle Ă©tait la question. Le flic rĂ©solut ce dilemme pour lui. Sans lever les yeux du volant, sans mĂȘme un coup dâĆil dans le rĂ©troviseur, il posa les deux canons du fusil sur son Ă©paule droite et les pointa vers lâarriĂšre. Johnny sâĂ©carta instinctivement, glissant vers la gauche, tentant de sâĂ©loigner de ces Ă©normes trous noirs. Bien que le flic nâeĂ»t toujours pas levĂ© les yeux, lâarme le traqua avec la prĂ©cision dâun servomoteur contrĂŽlĂ© par radar. Il a un miroir sur les genoux, forcĂ©ment, se dit Johnny. Mais Ă quoi cela lui servirait-il ? Il ne pourrait rien voir dâautre que le toit de cette putain de voiture. Quâest-ce qui se passe donc, ici ? RĂ©pondez-moi », dit le flic dâune voix sombre et triste. Il avait toujours la tĂȘte baissĂ©e. La main qui ne tenait pas lâarme continuait Ă tapoter le volant. Une bourrasque de vent secoua la voiture, projetant du sable et de la poussiĂšre alcaline sur la fenĂȘtre. RĂ©pondez-moi tout de suite. Je nâattendrai pas. Je nâai pas Ă attendre. Il y en a toujours un autre qui passe. Alors⊠Est-ce que vous comprenez ce que je viens de vous dire ? - Oui, dit Johnny dâune voix tremblante. Pneuma est le vieux mot savant dĂ©signant lâesprit. Sarx est le corps. Vous avez dit, corrigez-moi si je me trompe⊠- mais pas avec le fusil, sâil vous plaĂźt, ne me corrigez pas avec le fusil⊠- que jâai ignorĂ© mon esprit au profit de mon corps. Et il est possible que vous ayez raison. Câest trĂšs possible. » Soyez rĂ©solus Ă ne plus servir, et vous voilĂ libres ! Il glissa Ă nouveau vers la droite. Les canons du fusil suivirent prĂ©cisĂ©ment ses mouvements, bien quâil eĂ»t pu jurer que les ressorts de son siĂšge nâavaient pas fait le moindre bruit et que le flic ne pouvait pas le voir sans moniteur de tĂ©lĂ©vision ou⊠Me lĂšche pas les bottes, dit le flic avec un soupir. Ton destin nâen sera que pire. - Je⊠Je suis dĂ©solé⊠Je nâai pas voulu⊠- Sarx nâest pas le corps ; le corps, câest soma. Sarx, câest la chair du corps. Le corps est fait de chair â comme le mot est devenu chair par la naissance de JĂ©sus-Christ -, mais le corps est plus que la chair qui le compose. La somme est plus grande que ses parties. Est-ce si difficile Ă comprendre pour un intellectuel de ton acabit ? » Le fusil, toujours en mouvement, le traquait comme un autogyre. Je⊠Je nâai jamais⊠- Oh, je tâen prie. MĂȘme un naĂŻf spirituel commet toi doit comprendre que du poulet en sauce nâest pas un poulet. Pneuma⊠soma⊠et s-s-s⊠» Tous solidaires ce sâra pas long, pour faire la nique au patron ! Sa voix Ă©tait Ă©paissie et il cherchait son souffle, tentant de parler comme une personne qui veut terminer sa phrase avant dâĂ©ternuer. Il laissa soudain tomber le fusil de chasse sur le siĂšge et inspira profondĂ©ment le vieux siĂšge craqua et recula un peu plus, coinçant Ă nouveau le genou de Johnny, et lĂącha tout. Ce qui sortit de la bouche et du nez du gĂ©ant nâĂ©tait pas du mucus mais du sang et une substance rouge filandreuse comme du nylon. Ce truc Ă©claboussa le pare-brise, le volant, le tableau de bord, dĂ©gageant une odeur horrible de viande pourrie. Johnny se cacha le visage dans les mains et cria. Il lui Ă©tait impossible de ne pas crier. Il sentit ses yeux battre dans leurs orbites, et lâadrĂ©naline rugir dans son systĂšme nerveux, sous lâeffet du choc. Bon sang, rien de pire quâun rhume dâĂ©tĂ©, hein ? » demanda le flic de sa voix sombre et lĂ©gĂšre Ă la fois. Il se racla la gorge et cracha un caillot de la taille dâune pomme sauvage sur le tableau de bord, oĂč il resta collĂ© un instant, avant de dĂ©gouliner sur la radio comme une limace innommable, laissant derriĂšre une traĂźnĂ©e de sang, pour se retrouver une seconde suspendu sous la radio, et tomber finalement sur le tapis de sol avec un bruit mat. Johnny ferma les yeux derriĂšre ses mains et gĂ©mit. Ca, câĂ©tait sarx, dit le flic en lançant le moteur. Vous voudrez sans doute vous en souvenir⊠jâallais dire pour votre prochain livre », mais je ne crois pas quâil y aura un prochain livre. Et vous, monsieur Marinville ? » Johnny ne rĂ©pondit pas, gardant les mains sur ses yeux clos. Il songea que peut-ĂȘtre rien de tout cela ne se passait vraiment, quâil se trouvait dans un asile, quelque part, en proie aux plus horribles hallucinations qui soient. Mais au fond de son cerveau, il savait que ce nâĂ©tait pas le cas. La puanteur que lâhomme avait Ă©ternuĂ©e⊠» Ăa c'est le rocher. Le prophĂšte que tu veux est derriĂšre. Sauras-tu dĂ©couvrir l'auteur de ce charmant "Ă©vangile" ? Sois beau joueur et un peu militant, ne demande pas Ă la "goole" vorace et off shore... CondolĂ©ances Ă tous les rude boys Et spĂ©ciale dĂ©dicace Ă tous les ceusses qui n'aiment pas le reggae ! Rico Rodriguez, 1934-2015 MĂȘme plus les yeuses pour pleurer "On lit dans les livres qu'au temps jadis, un singe parti de Rome pouvait arriver en Espagne sans toucher terre, rien qu'en sautant d'arbre en arbre. Si c'est vrai, je ne sais... De mon temps, seuls le golfe d'Ombreuse, dans toute sa largeur, et sa vallĂ©e qui s'Ă©lĂšve jusqu'Ă la crĂȘte des montagnes, possĂ©daient pareilles forĂȘts foisonnantes. La renommĂ©e de notre rĂ©gion n'avait pas d'autres motifs. Aujourd'hui, on ne reconnaĂźt plus la contrĂ©e. A l'Ă©poque de la descente des Français, on a commencĂ© Ă couper les bois comme des prĂ©s qu'on fauche chaque annĂ©e. Mais ils n'ont pas repoussĂ©. On croyait que le dĂ©boisement tenait aux guerres, Ă NapolĂ©on, Ă l'Ă©poque ; mais il ne s'est pas arrĂȘtĂ©. Le dos des collines est si nu que nous ne pouvons le regarder, nous qui l'avons connu jadis, sans un serrement de cĆur. OĂč que nous allions, autrefois, nous trouvions toujours des branchages et des frondaisons entre le ciel et nous. L'unique zone un peu basse, c'Ă©taient les bois de citronniers ; encore des figuiers dressaient-ils leurs troncs tordus au milieu des plants d'agrumes. Plus haut, ils obstruaient le ciel de leurs coupoles aux lourds feuillages. Quand il n'y avait pas de figuiers, c'Ă©taient des cerisiers aux feuilles brunes, ou des cognassiers dĂ©licats, des pĂȘchers, des amandiers ; puis des sorbiers, des caroubiers, quelque mĂ»rier ou noyer vĂ©tustĂ©. Au-delĂ des jardins commençait l'oliveraie un nuage gris argent qui floconnait jusqu'Ă mi-cĂŽte. En bas s'entassait le pays, entre le port et le chĂąteau ; et lĂ encore, au milieu des toits, surgissaient partout les chevelures des yeuses, des platanes, mĂȘme des rouvres, vĂ©gĂ©tation tout Ă la fois fiĂšre, fougueuse et ordonnĂ©e, caractĂ©ristique de la zone oĂč les nobles avaient construit leurs villas et clos de grilles leurs parcs. Au-dessus des oliviers commençait la forĂȘt. Pins et mĂ©lĂšzes, jadis, avaient dĂ» rĂ©gner sur la rĂ©gion ; ils descendaient encore sur les deux versants du golfe jusqu'Ă la plage, en vagues et remous de verdure. Les rouvres Ă©taient bien plus nombreux, plus serrĂ©s qu'on ne le croirait aujourd'hui ; ils ont Ă©tĂ© la premiĂšre, la plus prĂ©cieuse victime de la cognĂ©e. Tout en haut, les pins cĂ©daient le pas aux chĂątaigniers la forĂȘt se hissant sur la montagne, on ne lui voyait pas de limites. Tel Ă©tait l'univers de sĂšve au milieu duquel nous vivions, nous autres habitants d'Ombreuse, presque sans nous en apercevoir." Italo Le Baron perchĂ©. VoilĂ , vous savez tout de mes vacances. Sauf que les arbres croisĂ©s sont bretons et non italiens. Mais c'est bon de n'avoir ni tout vu ni tout lu ni tout bu, parce que j'ai dĂ©couvert Italo Calvino, et j'ai beaucoup aimĂ©.Akeji le souffle de la montagne de MĂ©lanie Schaan et Corentin Leconte. France 2.Mille et Une. Films Avec la participation de France TĂ©lĂ©visions, TVR . La Caviar Connection de BenoĂźt Bringer et Laurent Richard, rĂ©alisĂ© par BenoĂźt Bringer. Arte Forbidden Films, Arte France Avec la participation de RTS Radio TĂ©lĂ©vision Suisse, RTBF. La Chambre de Camille Vidal-Naquet. France 3 Paris
25Nuances De Doc - La femme qui murmure aux ailes des abeilles du mercredi 29 septembre 2021 en replay sur France 2. Ici vous trouverez tous les pro Ici vous trouverez tous les pro La femme qui murmure aux ailes des abeilles du programme 25 Nuances De Doc est diffusé par France 2 le mercredi 29 septembre 2021 à 10:12 heures.
Akeji, le souffle de la montagne Akeji et Asako vivent hors du temps, dans un ermitage au toit dâherbe cachĂ© au creux de la montagne, parmi les animaux et les esprits de la nature. MaĂźtre Akeji est un peintre renommĂ© dont les toiles sont collectionnĂ©es dans le monde entier. Descendant dâune lignĂ©e de samouraĂŻs, il a Ă©tĂ© initiĂ© Ă la Voie du thĂ©, du sabre et de la calligraphie. Le couple a fait le choix radical de vivre Ă lâĂ©cart du monde. Saison aprĂšs saison, Asako cueille des vĂ©gĂ©taux quâelle transforme en pigments, Akeji prie et sâadonne Ă la peinture. Le cycle de la nature semble immuable. Pourtant, le temps se fissure et le monde moderne ressurgit⊠Un documentaire de crĂ©ation de MĂ©lanie Schaan et Corentin Leconte, en direct par visioconfĂ©rence. Production Mille et Une. Films, 2020, durĂ©e 1 h 15 En prĂ©sence de Monsieur KamishibaĂŻ et Haijin, de la compagnie MacadĂąne. Ă 20h00 au cinĂ©ma le Cinos place du 18 juin - DurĂ©e 2h30 MĂ©diathĂšque 50 rue Gabriel PĂ©ri PrĂ©parez votre sĂ©jour pour cet Ă©vĂ©nement ! cliquez-ici Avant tout dĂ©placement, renseignez-vous sur dâĂ©ventuelles modifications de calendrier, informations, ne pourrons pas ĂȘtre tenu responsable dâĂ©ventuelles erreurs pouvant subsisterâŠ
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